Sabrina, 43 ans, a toujours ressenti ce besoin d’aller vers les autres. Aux côtés des personnes âgées qu’elle accompagne, elle ne se contente pas de les aider dans leurs gestes du quotidien : elle leur apporte une présence précieuse et partage de vrais moments de complicité.
Le pouvoir de la musique au quotidien
La musique occupe une place essentielle dans le quotidien des bénéficiaires, et Sabrina en a fait un véritable outil de lien et d’émotion. Chaque vendredi, elle accompagne un monsieur atteint de la maladie de Charcot, à créer une playlist sur YouTube avec ses morceaux préférés. « Comme il n’a plus l’usage de ses bras, c’est moi qui fais sa secrétaire. On sélectionne ensemble les concertos de guitare, de piano, d’orgue qu’il aime et on les ajoute à sa vidéothèque. ». Ces instants résonnent particulièrement pour les personnes âgées, réveillant des souvenirs et des émotions. « Ils sont impressionnés de voir qu’on peut retrouver des musiques de Gilbert Bécaud sur YouTube. Ils chantent, ils sont heureux, et je chante avec eux quand je connais les paroles. » Parfois, quelques mots suffisent à raviver la mémoire : « Ils se souviennent d’une phrase d’une chanson, alors on cherche les paroles et on retrouve la musique. Ensuite, ils enchaînent : ‘Tiens, on peut écouter celle-là ? Vous avez celle-ci ? » Ces moments partagés sont de vraies parenthèses de bonheur qui rappellent combien la musique est un lien puissant avec le passé.
Des activités créatives pour stimuler et partager
Les journées de Sabrina sont ponctuées de petits rituels qui font une grande différence. « On fait du tricot quand il ne fait pas beau. Moi, je fais du crochet, la personne que j’accompagne tricote, et j’essaie de lui apprendre. » Certains bénéficiaires doutent d’eux-mêmes, persuadés qu’ils sont trop âgés pour apprendre. Mais Sabrina les encourage avec douceur et bienveillance. « Au début, ils ne veulent pas, ils disent ‘Non, je ne vois plus trop’ et finalement, ils essaient. Là, on est en train de faire une veste avec une dame. Je laisse mon tricot là-bas comme ça elle sait que c’est un moment que je partage uniquement avec elle, et ça lui plaît. » Au-delà du plaisir de créer, ces moments sont l’occasion de valoriser les bénéficiaires. En cuisine, elle adopte la même approche. « Je leur dis ‘Je ne sais pas faire’, alors ils me montrent et finalement, on cuisine ensemble. Ça les incite à faire et surtout, à se sentir utiles. Ils sont contents de dire ‘Tiens, je peux encore le faire, je peux encore le montrer. »
À travers ces échanges, Sabrina reçoit autant qu’elle donne. « S’il y a une leçon de vie que je retiens, c’est qu’il faut donner pour recevoir. Je rentre dans leur vie, mais ils entrent aussi dans la mienne, avec les sourires, les secrets échangés… » Un lien précieux, tissé jour après jour, qui donne tout son sens à son métier !