Marie-Françoise, auxiliaire de vie à Nantes

Marie-Françoise, auxiliaire de vie à Nantes Marie-Françoise, auxiliaire de vie à Nantes

guillemet ouvert Bizarrement, moi, il ne m'a jamais oubliée...
guillemet fermé Marie-Françoise
Auxiliaire de vie à Nantes

Le 3 décembre, c’était la journée internationale des personnes handicapées. Pour cette occasion, nous avons interrogé Marie-Françoise, 52 ans, auxiliaire de vie depuis 10 ans, dont le bénéficiaire aujourd’hui âgé de 93 ans a développé un handicap cognitif, fonctionnel, comportemental et social : la maladie d’Alzheimer.


Elle raconte :

« Quand j’ai commencé à suivre ce monsieur, il n’avait pas de pertes de mémoire. Il vivait avec sa sœur, il n’était pas marié. Sa sœur est décédée un an après que j’ai commencé à le suivre, donc il s’est retrouvé tout seul. Son enfant adoptif ne vivait pas non plus avec lui et ne venait le voir qu’une ou deux fois par an.

Au début nous étions fusionnels. Je venais, on parlait de tout et de rien, je l’emmenais se promener, je lui proposais des choses à faire, on choisissait ses vêtements… C’est un monsieur qui aimait la vie, comme on dit.

Un jour il est tombé, il a été hospitalisé deux semaines. Pendant qu’il était à l’hôpital, j’allais lui tenir compagnie le matin, de 8h à 10h généralement. Quand il est sorti, il a commencé à perdre ses facultés cognitives. Il perdait la mémoire, ne se souvenait plus de ce qu’il faisait. Bizarrement, moi, il ne m’a jamais oubliée.

Dès que je reviens, dès que je tape à la porte, il sait que c’est moi qui suis là. Toutes les autres personnes qui essayent de s’occuper de lui rencontrent de gros problèmes : il est violent, désagréable, il dit des méchancetés.

Pour lui faire prendre sa douche, c’est un vrai problème. Pour qu’il accepte de se laver régulièrement, j’ai établi un planning avec lui : tous les quinze jours, je lui fais prendre sa douche, mais il n’y a qu’avec moi qu’il accepte de le faire. Le reste du temps, sa toilette est faite au lavabo.

Comme il n’a pas de famille et que j’étais la seule à m’occuper de lui, désormais il a une tutrice qui gère tout. Mais dès qu’il y a des actes essentiels à faire : la douche, les couches, les rendez-vous du quotidien à fixer… c’est moi qui m’en occupe.

En ce moment, je suis en doublon avec une autre auxiliaire de vie. Il commence tout doucement à l’accepter, mais pas totalement.

Ça me fait plaisir de pouvoir m’occuper de lui parce que j’aime beaucoup l’aider. On s’entend bien. Je sais m’adapter à ses humeurs, il n’a jamais été violent avec moi. S’il se met en colère ou qu’une situation dégénère, il n’y a que moi qui peux le calmer. Pour manger, je lui fais souvent des plats de chez moi, du Sénégal, et il adore : du yassa et du mafé par exemple. »

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