J’ai 63 ans, j’ai grandi au Maroc jusqu’à l’âge de 12 ans avant d’arriver en France. Je suis donc plus française que marocaine, mais je n’ai pas oublié mes origines, j’ai encore des liens avec ma famille là-bas.
Depuis petite, j’ai toujours été auprès des personnes âgées dans ma famille et dans mon entourage, donc je suis habituée à les côtoyer. Ce métier est en moi, ça ne s’explique pas !
J’ai ouvert les yeux dans une maison où vivaient mes deux grands-mères et leurs deux sœurs, donc il y avait déjà quatre grands-mères ! Je viens d’une famille très nombreuse, je côtoyais beaucoup mes aînés, mes grands-tantes, etc. On m’a appris très tôt le respect des grands-parents, on m’a inculqué qu’en raison de leur âge et de leurs faiblesses physiques, on devait leur porter plus d’attention, de respect, être plus indulgent vis-à-vis de leurs colères… ça fait partie de l’éducation que j’ai reçue. Il y avait aussi beaucoup d’entraide là où j’ai grandi.
Je suis aussi quelqu’un de très sociable, j’ai l’esprit d’équipe, j’ai une facilité d’adaptation et cela m’aide beaucoup dans la pratique de mon métier, en plus de ma double-culture. Je rencontre des bénéficiaires qui ont un passé et qui par le biais de voyages, de leur famille, d’un grand-père ou d’une mère née au Maroc par exemple, ont des souvenirs de l’Afrique du Nord dont nous pouvons discuter. Parfois c’est par la cuisine que cela passe, parce que grâce à mes grands-mères encore une fois, je suis passionnée de cette cuisine ancienne, et je la partage ! A la demande de mes bénéficiaires, il m'arrive de leur faire découvrir des plats comme le tajine au poulet et aux pruneaux par exemple. Une des dames dont je m’occupe a vécu quelques années à Casablanca avec ses enfants quand ils étaient petits. Alors un week-end où elle recevait son fils qui a été marqué par les odeurs des épices marocaines, je leur ai préparé un couscous !
Les petites victoires dans mon quotidien se traduisent par une personne âgée contente, satisfaite, qui, quand j’arrive chez elle, me dit qu’elle m’attendait depuis longtemps et qu’elle avait hâte que je vienne. C’est gratifiant ! Je fais tout pour faire plaisir à mes bénéficiaires, je n’hésite pas à faire quelques minutes supplémentaires quand il le faut. Quand je rentre chez moi je suis contente, j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de bien.
Le métier d’auxiliaire de vie est très difficile à résumer, il faudrait en parler beaucoup plus. Il est en lien avec la maladie, le handicap, la famille, le décès, la dépendance… ça ne s’arrête pas à toquer à la porte de quelqu’un, entrer et faire le ménage ou la cuisine !